L’Europe et les institutions européennes, qui furent il y a seulement une ou deux décennies unanimement célébrées comme des nécessités d’essence naturelle, tant ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous sépare, sont désormais vilipendées pour leur boulimie technocratique et leur incapacité à se rapprocher des vraie besoins des citoyens qui la peuplent.
C’est pourtant ignorer de très nombreuses petites victoires qui, sans relâche, parviennent à mieux intégrer et harmoniser les règles qui régissent les 380 millions de citoyens qui peuplent les 28 pays qui la composent. J’ai eu plusieurs fois l’occasion d’évoquer lors mes conférences, le combat épique que Nelly Kroes mena pour essayer de supprimer les surcharges de roaming européen : faire en sorte qu’où que l’on soit dans l’un des 28 pays européens, l’on dispose du même tarif de télécommunication que si l’on était chez soi.
Aujourd’hui, c’est l’USB-C (ou 3.1) qui représente une victoire pour l’Europe. Cela fait des années que la Commission cherche à harmoniser les connecteurs des chargeurs de nos téléphones, tablettes et autres appareils mobiles. En 2014, elle a imposé qu’à partir de fin 2016, les fabricants devraient se mettre d’accord sur un format d’USB-C unique. C’est désormais chose faite et c’est le format de Apple -déjà disponible sur leur derniers MacBook Titanium- qui aura été retenu. Il est à noter que ce format est réversible et que la frustration qui consiste à ne jamais savoir de quel coté il convient d’insérer le connecteur USB, disparaitra sous peu.
Cela semble finalement une petite victoire, mais elle ouvre sur des perspectives relativement significatives :
– il y aurait entre 1,5 et 2,5 milliards de téléphones mobile, et autres appareils portable en Europe. Chacun dispose d’un ou de plusieurs chargeurs. Harmoniser cela permet certainement de réduire le nombre de ces chargeurs et donc de redonner -un peu- d’argent au citoyen européen en lui évitant d’acheter de multiples chargeurs pour ses multiples outils portables ;
– cela permet de faciliter la normalisation du fonctionnement de l’USB-C, notamment en ce qui concerne les labels énergétiques de type Green-Star. Les recharges d’outils nomades représentent déjà probablement 1 ou 2% de la totalité de la consommation électrique, c’est donc d’un enjeu d’importance dont on parle ici ;
– enfin, cela permet de faciliter la mise en oeuvre de services de recharges efficaces : disposer directement de prises USB-C dans les trains, les gares, les entreprises, les cafés,etc. serait un plus appréciable, à l’échelle de l’Europe.