Jaron le reconnait lui même : il n’est pas un économiste, mais plutôt un excellent connaisseur de l’économie numérique, pour avoir été tour à tour, expert en jeu vidéo, employé des plus emblématiques sociétés de la Valley et à présent, depuis plus d’une décennie, un consultant et écrivain apprécié par des sociétés comme Microsoft. Cette apparente méconnaissance de l’économie ne l’empêche pas de faire des raisonnements particulièrement pertinents à l’égard de l’économie numérique. Et à ce sujet, Jaron n’y va pas avec le dos de la cuillère. Selon lui (une analyse que je partage largement), la concentration des richesses que l’on observe depuis quelques années est la conséquence de l’économie numérique. Mais surtout, elle signe à court terme la fin de la classe moyenne. Peut être sans suite mais à minima à étudier. Une très grande partie de l’ouvrage concerne des analyses concernant l’évolution de cette économie et le moyen de recréer un système vertueux, qui serviraient la société en son entier et non une petite classe de super-hyper malins/chanceux entrepreneurs et capitalistes. Parfois un s’y perd un peu tant le foisonnement des idées parait compulsif, mais Jaron parvient finalement assez bien à amener sa solution radicale : rétribuer chaque acteur en fonction de la contribution qu’il fera au réseau global. Au début l’idée semble complètement irréaliste, mais finalement, elle ne l’est pas moins que l’impôt proportionnel avait du l’être il y a environ 100 ans aux Etats Unis…
L’ouvrage n’est pas -encore- traduit en français mais reste écrit dans un phrasé qui le rend très facile à lire. De surcroît, les exemples et références qu’il prend permettent une bonne immersion dans l’économie numérique et l’économie américaine en général. Un ouvrage à lire donc.